Les insoumis T2 : Le chemin de la vérité, d'Alexandra Bracken

Coup de ♥

Résumé :

Dans un futur proche, les adolescents ont été décimés par un virus inconnu, le NIAA. La plupart des survivants, dotés de pouvoirs psychiques incontrôlables, ont été parqués dans des camps. D'autres, regroupés dans la Ligue des enfants, luttent pour leur liberté. Au sein de la Ligue, Ruby, capable de contrôler les esprits, se bat pour la fermeture des camps. Sa mission ? retrouver une clé USB contenant des informations ultra-secrètes impliquant le gouvernement dans la propagation du virus. Mais son pire ennemi est en elle, car ses pouvoirs grandissants pourraient bien prendre le pas sur sa raison. Et sur son humanité.

La Martinière J. Fiction
507 pages ; 16.50€
Publié le 20 mars 2014

Le premier tome des Insoumis m’avait laissé un souvenir assez éprouvant et ce deuxième tome est bien parti pour me marquer de la même façon. En général, les dystopies ne sont pas joyeuses, c’est même le contraire : les récits sont relativement difficiles et beaucoup d’émotions en ressortent. Mais cette saga est peut-être la plus dure que j’ai lue ces dernières années car non seulement le thème est loin d’être léger, mais en plus l’auteur ne prend pas la peine de nous ménager. Le temps de 500 pages, on souffre avec les personnages.

Cette saga est la seule que j’ai lu d’Alexandra Bracken mais quelque chose me dit que cette auteur est maître dans l’art de faire souffrir ses lecteurs ou, en tout cas, de les embarquer sans difficulté dans une intrigue qu’ils vivront en même temps que les personnages. J’avoue qu’au début, j’ai eu du mal à me souvenir avec précision de ce qui avait conduit Ruby à entrer dans la Ligue des enfants (en dehors du cliffhanger de la fin, que je n’ai par contre jamais réussi à oublier), mais passé les premières pages, je me suis totalement immergée dans l’univers des Psi… un univers aussi terrible que captivant, et qui, je crois, n’a pas fini de nous surprendre.

Le chemin de la vérité (titre de ce second tome) est relativement différent du premier livre de la série. Dans ce tome, on retrouve Ruby au sein de la Ligue des enfants et donc plus forte, plus  distante et plus professionnelle que celle qu’elle était. Elle ne veut pas s’attacher aux autres et elle ne veut pas que les autres s’attachent à elle. Mais certaines personnes ont le don de briser vos défenses, et c’est ce qui se passe ici : au fur et à mesure qu’on avance dans l’intrigue, on fait la connaissance de nouveaux personnages, on en retrouve d’autres, et on se lie à eux doucement, de façon très naturelle. C’est l’un des gros points forts de l’auteur : aucun de ses protagonistes ne nous laisse indifférent. On s’y attache ou on les déteste selon les cas, mais on ressent tout un tas de choses et c’est ça qui nous rend si sensible à ce qu’ils vivent. On a envie qu’ils soient heureux, on veut les protéger, les serrer dans nos bras… mais tout ne se passe pas toujours comme on le voudrait, et c’est douloureux. On notera d’ailleurs une nouvelle fin à couper le souffle qui m’aura, une fois de plus, mis les larmes aux yeux…

Ruby est une narratrice que j’ai beaucoup appréciée. C’est un personnage fort mais en même temps très fragile. Ses pouvoirs la conduisent à faire des choses qu’elle ne cautionne pas toujours et elle a énormément de mal à se le pardonner. Elle est effrayée par ce qu’elle est capable de faire mais aussi par ce qu’elle ressent quand elle le fait…. et c’est peut-être ça qui la rend aussi touchante : la peur qu’elle éprouve à l’idée de succomber à ses pouvoirs, et ainsi de perdre son humanité. C’est quelqu’un tout en nuances, qui se veut parfois insensible, mais ressent finalement tant de choses qu’il lui est impossible de ne pas se soucier des autres… d’autant plus que les « autres » en question sont eux-mêmes terriblement attachants. Que ce soit Vida, que j’ai beaucoup aimé, ou Jude, mon petit coup de cœur parmi les nouveaux.

Ah, il y a tant de choses à dire sur cette histoire que j’en perds mes mots ! Je pense que j’aurais beau faire tous les efforts possibles et inimaginables pour vous pondre une chronique digne de ce nom, je n’arriverais pas à en parler correctement. J’ai envie de tout vous dire mais en même temps, ce serait vous raconter toute l’histoire et ça, c’est quelque chose que je me refuse. Mais sachez que ce tome est tout en sentiments. Quand je dis qu’on souffre pendant 500 pages, c’est vraiment le cas : j’ai plus d’une fois eu les larmes aux yeux, la gorge serré, et le ventre noué d’émotions. Sans parler des quelques fois où j’ai eu envie de taper sur les personnages, de leur faire un câlin, ou de jeter mon livre par la fenêtre. L’histoire est tellement prenante et haletante que, si je n’avais pas eu beaucoup de boulot à côté, je n’en aurais fait qu’une bouchée. Vraiment. L’intrigue est captivante, l’univers est sombre, dur et abouti, les personnages sont vrais, adorables et profonds, l'histoire est dure mais regorge aussi d'espoir, et… et puis il y a le style de l’auteur, qui apporte une touche d’émotions supplémentaire au récit (comme s’il n’y en avait pas déjà assez… pauvres de nous !).

Tout ça m’amène donc à conclure ceci : cette saga est à lire et à faire lire. Elle est loin d’être évidente et elle n’est certainement pas à proscrire à ceux qui veulent une bonne lecture pour se détendre… mais derrière la société futuriste qui est mise en scène se cache de réels sujets, des sujets sur lesquels il est important de réfléchir. Donc chapeau bas à l’auteur et merci, merci à La Martinière J. Fiction d’avoir publié cette saga. J’attends désormais le troisième tome avec impatience…